Lâcher de méandres
Par manub, jeudi 30 mars 2006 à 23:29 :: Perdu :: #88 :: rss
J'ai tardé à le faire, mais enfin, la voilà, ma réponse à mon Questionnananaire.
1) Si j'étais un chien errant, je dormirais dans les entrailles de la Raison et je pisserais dans mon sommeil pour raviner ses fondations.
2) Il n'a jamais tant plu que le jour où dans l'alcool des veines, les clochards se rinçaient l'oeil. Des voitures passaient en claquant comme des pets et tout le monde courait pour se noyer chez soi, dans l'ennui moite des suées de phosphore. Le ciel beuglait comme un taureau et pissait comme un porc écorché. Des moines passaient dans l'oeil narquois d'une traînée qui faisait prendre l'air à ses nichons, et le désir partait comme un gros mot dans les frocs.
3) La syllabe que je préfère confine au ressac des vagues par gros temps, si possible à Audierne. Elle prend l'aspect des écoulements, des bouteilles qu'on vide, des lavabos, des larmes, des lectures, des rires, des exultations. Elle cingle comme une tempête et caresse comme une brise, fasèye comme une voile.
4) J'ai découvert récemment des céphalopodes coincés dans leurs contorsions, le cul coiffé de lauriers, des pendus morts d'overdose. La gueule de lamproie tête au lisier des honneurs inversés, des succès spectaculaires, des auras subreptices. L'ovale de leur calvitie chipote contre le sable de l'arène, où des yeux froids saccagent les mystères.
5) Mon esprit ressemble à une léproserie béant sous le soleil. Des matons en aube empêchent les contagions de l'intérieur par l'extérieur et réciproquement. Au centre, un totem représentant la Trinité rouille comme une carlingue, tandis que des murailles dégoutte le bleu du ciel inaccessible. Du jus de citron cautérise les plaies d'où éruptent des mains innombrables. Elles traversent les crevasses des cloisons et de la voûte pour attraper des miettes d'ailleurs. Peu à peu, les limites s'effrangent et le noyau s'imbibe de chair.
6) J'irais volontiers cueillir ta chair avec les lèvres. Ta chair de perle à cet endroit précis où le monde, les mythes, les religions, les partis, la politique, l'économie, l'intelligence et la connerie s'effondrent dans un fracas de pachyderme. Ta chair qui perle où je la cueille.
7) Je ne peux m'empêcher de repasser en boucle par le chas du temps. Demain relit naguère qui reflue comme un vieux sac de ficelles fâcheuses auxquelles l'avenir s'accroche comme un marionnettiste. Le fil reboucle sur lui-même avant de tendre au-dessus du vide un cil de funambule.
8) Le soleil n'a jamais tant brillé que le jour où il a fermé sa gueule. L'azur crevait comme un ventre de cheval mort harnaché pour la parade. A coups d'ailes, des oiseaux lacéraient sa carcasse. Le soleil dégueula sur le sol comme un oeuf.
9) L'amour fou, c'est des enchantements de tripes et des tourments de chair, des lancées de pulsions qui gravitent sans axe. C'est un jet de soi dans et contre l'autre. C’est une naissance, un seuil.
10) Je préfère de loin les baleines à la nuée de criquets qui plastronnent dans les cavités du désastre. Les baleines ont l'innocence de foetus gigantesques sur le point de vagir, la douceur inaccessible et lente de ceux qui sont à la traîne, de ceux qui sont à naître, et que porte une onde muette, sans courage et sans durée. Je préfère de loin les baleines aux casseurs de couilles, aux dresseurs de lions, aux tour-operators, aux marchands d'esclaves. Je préfère de loin les baleines à l'assemblée des singes qui ont appris l'outil.
1) Si j'étais un chien errant, je dormirais dans les entrailles de la Raison et je pisserais dans mon sommeil pour raviner ses fondations.
2) Il n'a jamais tant plu que le jour où dans l'alcool des veines, les clochards se rinçaient l'oeil. Des voitures passaient en claquant comme des pets et tout le monde courait pour se noyer chez soi, dans l'ennui moite des suées de phosphore. Le ciel beuglait comme un taureau et pissait comme un porc écorché. Des moines passaient dans l'oeil narquois d'une traînée qui faisait prendre l'air à ses nichons, et le désir partait comme un gros mot dans les frocs.
3) La syllabe que je préfère confine au ressac des vagues par gros temps, si possible à Audierne. Elle prend l'aspect des écoulements, des bouteilles qu'on vide, des lavabos, des larmes, des lectures, des rires, des exultations. Elle cingle comme une tempête et caresse comme une brise, fasèye comme une voile.
4) J'ai découvert récemment des céphalopodes coincés dans leurs contorsions, le cul coiffé de lauriers, des pendus morts d'overdose. La gueule de lamproie tête au lisier des honneurs inversés, des succès spectaculaires, des auras subreptices. L'ovale de leur calvitie chipote contre le sable de l'arène, où des yeux froids saccagent les mystères.
5) Mon esprit ressemble à une léproserie béant sous le soleil. Des matons en aube empêchent les contagions de l'intérieur par l'extérieur et réciproquement. Au centre, un totem représentant la Trinité rouille comme une carlingue, tandis que des murailles dégoutte le bleu du ciel inaccessible. Du jus de citron cautérise les plaies d'où éruptent des mains innombrables. Elles traversent les crevasses des cloisons et de la voûte pour attraper des miettes d'ailleurs. Peu à peu, les limites s'effrangent et le noyau s'imbibe de chair.
6) J'irais volontiers cueillir ta chair avec les lèvres. Ta chair de perle à cet endroit précis où le monde, les mythes, les religions, les partis, la politique, l'économie, l'intelligence et la connerie s'effondrent dans un fracas de pachyderme. Ta chair qui perle où je la cueille.
7) Je ne peux m'empêcher de repasser en boucle par le chas du temps. Demain relit naguère qui reflue comme un vieux sac de ficelles fâcheuses auxquelles l'avenir s'accroche comme un marionnettiste. Le fil reboucle sur lui-même avant de tendre au-dessus du vide un cil de funambule.
8) Le soleil n'a jamais tant brillé que le jour où il a fermé sa gueule. L'azur crevait comme un ventre de cheval mort harnaché pour la parade. A coups d'ailes, des oiseaux lacéraient sa carcasse. Le soleil dégueula sur le sol comme un oeuf.
9) L'amour fou, c'est des enchantements de tripes et des tourments de chair, des lancées de pulsions qui gravitent sans axe. C'est un jet de soi dans et contre l'autre. C’est une naissance, un seuil.
10) Je préfère de loin les baleines à la nuée de criquets qui plastronnent dans les cavités du désastre. Les baleines ont l'innocence de foetus gigantesques sur le point de vagir, la douceur inaccessible et lente de ceux qui sont à la traîne, de ceux qui sont à naître, et que porte une onde muette, sans courage et sans durée. Je préfère de loin les baleines aux casseurs de couilles, aux dresseurs de lions, aux tour-operators, aux marchands d'esclaves. Je préfère de loin les baleines à l'assemblée des singes qui ont appris l'outil.
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