La charge de l'imaginaire.
C'est quand le réel remue, quand ça répond pas, quand le projet d'être soi veut dire quoi ? Rien... Dedans ça passe son temps à chiâler. Dehors, ça observe et ça juge.
Ma tête est prise dand l'étau d'une étreinte d'araignée. Désarticulé, brassant l'air de l'arc des bras, je ne sens. Rien. Pourtant je ploie. Pourtant je résiste. Pourtant je m'énerve et je me révolte. Mon crachat retombe à mes pieds. Je me crois seul et c'est inutile.
Putain ! Vivement que ça barde ! La terre est prête. La matière des entrailles est mûre. Et le ruisseau, dehors, se désole. Des baraques aux volets neufs imitent des vaisseaux d'orgueil. J'avance dans la saignée de terre qui contourne la ville. Besoin de boue et d'herbe accrochées aux semelles, de sentir dans l'air des parfums lointains. Besoin que l'air sente quelque chose.
Ici les souffleries grisailles sussurent un air délavé, un air étique et triste, lourd de diesel et de pointage au boulot. Le sol mouillé sent le sol mouillé, connement. Je désire un sol qui comme des seins de femme enivre, un sol chaque jour méconnaissable parce qu'il a plu, que le vent l'a rabotté, que le soleil l'a cuit. Un sol chemin, ornière, champ, fossé, tallus. Un sol qui ne soit pas utile.
Je veux une vie inutile.